Flexmove, ou comment faire rouler une voiture sur des rails

      Une voiture qui démarre son trajet sur la route, le poursuit sur des rails, et le termine à nouveau sur la route… non vous ne rêvez pas, c’est Flexmove, le projet un peu fou de voiture rail/route du Groupe AKKA Technologies, entreprise membre d’Agoria.

      Tout est parti du constat que, même dans le monde rural, certaines routes sont embouteillées alors que le rail reste désespérément vide. En France, près de 6.000 km de voies ferrées sont soit abandonnées, soit en voie d’abandon car trop peu utilisées. Certaines petites gares ne voient passer que deux trains par jour : un le matin et un le soir ! Et pourtant 5.000.000 de personnes habitent à proximité de ces lignes… mais ce manque de flexibilité dissuade les gens de se tourner vers le train pour leurs déplacements.

Jules Morel, Directeur Général de SICEF, la filiale du Groupe AKKA qui porte le projet Flexmove explique : « Dans ces cas-là, le modèle économique du rail n’est tout simplement pas viable, il est sous perfusion de subventions publiques. Une grande partie du problème vient du fait que le train est lourd et très coûteux à entretenir, donc il y a peu d’offre de transport et forcément peu de demande.»

Alors comment accorder une priorité à toutes ces personnes et leur redonner les moyens de se déplacer de manière plus flexible ?

      Flexmove propose une solution : faire rouler la voiture sur les lignes de chemin de fer. L’idée de cette voiture électrique, partagée et autonome (lorsqu’elle est sur le rail), est un peu inspirée de la fameuse Micheline des années ’30. Flexmove a déjà franchi pas mal d’étapes : la voiture roule à 70 km/h et des essais dynamiques ont lieu actuellement dans un environnement réel en Belgique (La Louvière) et en France (Occitanie). Mais il reste beaucoup à faire encore avant d’aboutir, notamment poursuivre les tests et le déploiement d’un premier pilote de service pour tester le marché. Il faudra aussi installer dans les villes concernées des hubs, sortes de points d’enclenchement où les véhicules s’aligneront sur les rails et passeront en ‘mode ferroviaire’.

      Le prochain grand objectif est le lancement de l’exploitation de la première ligne en 2024, avec des trajets uniquement sur rail. L’étape suivante consistera à établir des points de collecte où des mini-vans embarqueront les usagers pour les conduire à un hub d’où ils monteront sur les rails et formeront un attelage de véhicules. « La France va ouvrir la totalité de son réseau TER à la concurrence en 2023, » explique Jules Morel. « Et la SNCF a son propre portefeuille de projets d’innovations. Dans ce paysage, nous sommes un nouvel acteur qui vient disrupter le marché… »

      Concernant le prix, Flexmove travaille pour que son modèle économique soit le plus concurrentiel possible. À terme, le prix du trajet sera équivalent au prix du co-voiturage. « Actuellement les voitures roulent très peu et restent stationnées la plupart du temps. Nos véhicules sur rail rouleront beaucoup, feront de nombreux trajets et transporteront 6 à 8 personnes à la fois. »

      Et la sécurité dans tout ça ? Jules nous l’assure : « Avec sa ceinture de sécurité, ses airbags et toute la gestion autonome du véhicule et du trafic, la voiture sur rail sera un mode de transport bien plus sécurisé que le train. Et, faut-il le préciser, il n’y aura aucune cohabitation avec le train sur les lignes dédiées à Flexmove. »